

Israël intervient dans les violences confessionnelles en Syrie
Israël est intervenu mercredi dans les violences confessionnelles qui ont fait une trentaine de morts en deux jours en Syrie, affirmant avoir mené une frappe "d'avertissement" pour enjoindre aux autorités de protéger la communauté druze.
Ces violences ont réveillé le spectre des massacres qui ont fait plus de 1.700 morts, en grande majorité parmi la minorité alaouite dont était issu le président déchu Bachar al-Assad, renversé en décembre par la coalition islamiste à présent au pouvoir.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense, Israël Katz, ont annoncé conjointement que l'armée avait mené "une action d'avertissement" contre un "groupe extrémiste qui se préparait à attaquer la population druze de la ville de Sahnaya".
"Dans le même temps, un message ferme a été adressé au régime syrien: Israël attend de lui qu'il agisse pour protéger la communauté druze", a ajouté le texte.
Treize personnes ont été tuées à Sahnaya, à 15 kilomètres au sud-ouest de Damas, où des affrontements ont éclaté dans la nuit, au lendemain d'accrochages dans la localité à majorité druze de Jaramana qui ont fait 17 morts, selon les autorités et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
"Nous n'avons pas dormi de la nuit (...) les obus de mortier s'abattent sur nos maisons", a déclaré à l'AFP au téléphone Samer Rafaa, un habitant de Sahnaya, où une partie de la population est druze.
"Où sont les autorités? Nous les implorons d'assumer leur rôle (...) les gens meurent et nous avons des blessés", a-t-il ajouté.
Selon une source du ministère de la Santé citée par l'agence Sana, 11 personnes ont été tuées et d'autres blessées par les tirs de "groupes hors-la-loi qui ont pris pour cible les civils et les forces de sécurité dans la région de Sahnaya".
Il s'agit de cinq membres des forces de sécurité qui ont été visés par des francs-tireurs relevant de groupes armés et de six autres personnes qui se trouvaient dans une voiture prise pour cible par ces groupes, a précisé le directeur des relations publiques du ministère de l'Information, Ali al-Rifaï.
Selon l'OSDH, deux combattants druzes ont en outre été tués à Sahnaya.
- "Un corps sur la route" -
"Les affrontements ont commencé à environ quatre kilomètres de la ville et se sont étendus à sa périphérie, et les bruits des explosions n'ont pas cessé depuis la nuit dernière", a raconté à l'AFP Karam, un combattant druze de 27 ans qui n'a pas donné son nom de famille.
"Il y a un corps sur la route juste devant moi et personne ne peut s'en approcher", a ajouté le jeune homme joint par téléphone, alors que des tirs étaient clairement entendus.
Mercredi, les obsèques de sept combattants druzes tués à Jaramana se sont déroulées dans cette ville, où des participants brandissaient le drapeau druze aux cinq couleurs, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Un accord avait été scellé mardi soir entre des représentants du gouvernement syrien et les responsables druzes de Jaramana pour mettre un terme aux affrontements.
L'attaque contre cette banlieue avait été menée par des groupes affiliés au pouvoir après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet.
L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message et les chefs spirituels de la minorité druze ont condamné toute atteinte au prophète.
Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam chiite, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.
Dès la chute d'Assad le 8 décembre, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.
Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes, qui se sont engagées à protéger les minorités, s'en prenaient aux druzes.
Les dignitaires druzes avaient immédiatement rejeté ces propos, réaffirmant leur attachement à l'unité du pays multiconfessionnel.
Leurs représentants négocient actuellement avec le pouvoir central à Damas un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.
W.Schneider--BP