

Retraites: le COR retire les mots et le tableau qui fâchent
La version définitive du rapport 2025 du Conseil d'orientation des retraites a été expurgée de certaines phrases et du tableau contestés par les syndicats pour manque d'objectivité, a constaté jeudi l'AFP.
Le COR a supprimé une phrase évoquant un "appauvrissement du pays" si le choix était fait à l'avenir d'augmenter les cotisations ou de modérer les pensions pour équilibrer financièrement le système des retraites.
Il a aussi supprimé la phrase évoquant un "enrichissement du pays" si le choix s'orientait vers un nouveau recul de l'âge légal de départ.
Un tableau qui résumait les effets à terme sur le PIB des différents leviers pour équilibrer le système, présent dans la version provisoire du rapport transmise en fin de semaine aux partenaires sociaux, a également été supprimé, a constaté l'AFP.
Les syndicats, parties prenantes aux travaux de cette instance, avaient critiqué les formulations choisies par le Conseil dans la première version, estimant qu'elles montraient sous un jour plus favorable le recul de l'âge par rapport aux autres pistes.
La CGT les avait jugées "orientées", et Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, avait estimé qu'il s'agissait d'une "peau de banane" jetée dans les discussions en cours du "conclave" sur les retraites.
Selon Gilbert Cette, président du COR, le rapport expurgé a été "adopté" par le Conseil, avec "l'expression d'une réserve par la CGT".
Le travail du COR consiste à produire un rapport qui "ne satisfait personne" parmi ses membres, mais qui "ne déplait totalement à personne non plus", a-t-il indiqué devant des journalistes.
Pierre-Yves Chanu, représentant de la CGT, a confirmé à l'AFP que le président du COR "ne pouvait pas se prévaloir du soutien" de son syndicat. "Le message du rapport est clairement qu'il faut reculer l'âge de la retraite", a-t-il regretté. "Les règles de consensus qui prévalaient au sein du COR sont sérieusement écornées."
L'UNSA, autre syndicat qui avait critiqué la première version, s'est montré plus indulgent.
"Une fois de plus, le COR confirme que les dépenses de retraites sont stables et sous contrôle", et que "ce sont les recettes qui sont appelées à diminuer: le problème n'est pas la dépense, mais bien le financement", a estimé Dominique Corona, son représentant dans l'instance.
Ce bilan annuel divise par deux l'estimation du déficit du système des retraites pour 2030, par rapport à 2024, la ramenan à 0,2% du PIB. Concernant 2070, il relève en revanche la prévision de déficit, à 1,4% du PIB.
Le rapport prévoit que l'âge moyen de départ à la retraite, de 62,9 ans en 2023 va augmenter sous l'effet des réformes successives pour se stabiliser à plus ou moins 64,6 ans à partir de la décennie des années 2030.
Le COR compte 41 membres, partenaires sociaux, parlementaires, associations familiales et de retraités, administrations et "personnalités qualifiées" (statisticiens, économistes, etc.)
Il est chargé de donner un avis objectif sur l'évolution prévisible du système des retraites, et est considéré comme un outil de référence par tous les acteurs s'intéressant aux retraites.
S.Fritz--BP