

RSF appelle à un "sursaut européen" face aux "menaces" visant les médias publics
Crise économique, pressions politiques, défiance... L'ONG Reporters sans frontières appelle à un "sursaut européen" face aux "menaces" pesant sur l'audiovisuel public du Vieux continent, suggérant notamment de taxer les plateformes numériques pour le financer, dans un rapport publié lundi.
"L'élection de Donald Trump et la suppression annoncée de l'audiovisuel extérieur américain ont mis en exergue l'offensive menée par un certain nombre de forces politiques contre les radios et télévisions publiques à travers l'Europe", affirme le directeur général de RSF, Thibaut Bruttin, en préambule du rapport.
"Leur prise de contrôle, leur définancement, voire leur démantèlement, deviennent des éléments de programme fréquents", s'alarme-t-il.
"Traversés par de multiples crises", ces médias "peuvent aisément être transformés en porte-voix gouvernemental comme en Italie, et en officine de propagande du Kremlin, comme c'est le cas en Hongrie", deux pays respectivement dirigés par les Premiers ministres d'extrême droite Giorgia Meloni et Viktor Orban, prévient M. Bruttin.
RSF dénonce plus largement la mise en oeuvre de réformes "liberticides" sous de "faux prétextes" dans "plusieurs Etats membres de l'Union européenne".
Ils pointent notamment la réorganisation en 2024 de l'audiovisuel public slovaque, justifiée par le gouvernement par son "manque d'objectivité", avance RSF, qui y voit la "transformation d'un média public en un média d'État".
Dans ce contexte, l'ONG salue l'entrée en application, le 8 août, d'un article de la loi européenne sur la liberté des médias, qui impose aux Etats membres des obligations en matière d'indépendance éditoriale et de financement de l'audiovisuel public.
En attendant leur mise en conformité, RSF formule en plus une douzaine de recommandations.
Outre des "garanties d'indépendance fortes dans la nomination" des dirigeants des médias de service public, elle préconise d'"étudier un système de financement, au niveau européen, basé sur une taxe imposée par les États membres aux plateformes numériques" (réseaux sociaux, moteurs de recherche...).
Cette taxe pourrait s'ajouter à une "redevance universelle et progressive", fait valoir RSF.
Autre piste, la création d'un "audiovisuel extérieur européen" permettant de lutter contre les ingérences étrangères et la propagande.
"Une coalition d'États membres, élargie au Royaume-Uni" ou l'UE elle-même "pourrait permettre la survie" des rédactions des radios internationales américaines Radio Free Europe/Radio Liberty", que cherche à démanteler Trump, "en synergie" avec d'autres acteurs européens comme France Médias Monde (RFI, France 24) et Deutsche Welle, les branches internationales des audiovisuels publics français et allemand.
L.Fischer--BP