

Giorgio Armani, un style au-delà de la mode
Bâtisseur d'un empire dans l'industrie du luxe, le couturier italien Giorgio Armani, décédé à l'âge de 91 ans, a marqué de son style épuré la mode, mais aussi le design et l'architecture d'intérieur.
"Les robes, on les prend, on les jette. Je voulais faire quelque chose dont on se souvienne. Les gens verront ce que j'étais, ce que j'aimais", a-t-il résumé en 2010 dans une formule-testament après un grave problème de santé.
Ce chantre de l'élégance, amoureux depuis les années 1980 du grège (la couleur de la soie brute, un gris teinté de beige), se targue d'une marque "style de vie" allant au-delà de la mode au sens strict.
Créateur visionnaire, Armani se distingue dans la haute-couture, le prêt-à-porter, les accessoires, les parfums, les bijoux, mais aussi l'architecture d'intérieur et l'hôtellerie de luxe dans des villes comme Milan, Paris, New York, Tokyo, Séoul et Shanghai. En 2000, le Musée Guggenheim à New York le fait entrer au Panthéon des créateurs en lui consacrant une rétrospective.
Né le 11 juillet 1934 à Piacenza (nord de l'Italie) dans une famille modeste d'origine arménienne, Giorgio Armani étudie deux ans la médecine avant de travailler comme étalagiste-décorateur à Milan pour les grands magasins La Rinascente, où il reste jusqu'à ses 31 ans.
Passionné de photographie et de dessin, il voit sa vie bouleversée par sa rencontre avec Nino Cerruti, l'inventeur du "casual chic". "Nino avait un regard perçant, une vraie curiosité, la capacité d'oser", avait observé Armani après le décès de son mentor en janvier 2022.
Cerruti lui confie sa nouvelle ligne de vêtements masculins, Hitman, et lui permet de dessiner ses propres collections, pendant sept ans.
Le style souple, minimaliste et toujours élégant d'Armani fait florès chez les hommes comme chez les femmes et, en 1974, il créé la ligne de vêtements en peaux Armani by Sicons. En 2016, il renoncera à l'utilisation de toute forme de fourrure animale dans ses collections.
Il s'établit à son compte en 1975 en créant à Milan la maison Giorgio Armani avec son compagnon Sergio Galeotti qui, lorsqu'il meurt du sida dix ans plus tard, le laisse seul maître à bord. Armani a depuis lors toujours voulu rester indépendant, refusant d'être coté en bourse.
- "American Gigolo" -
Armani habille rapidement les stars, de John Travolta à Lauren Bacall en passant par Diana Ross et Jack Nicholson. Avec la création de la garde-robe de Richard Gere dans le film "American Gigolo" (1980), il devient "Il Re Giorgio" ("Le roi Georgio"). La populaire série américaine "Deux flics à Miami", symbole des années 80, transforme en classique le port d'un T-shirt sous une veste siglée Armani.
En 2004, il s'associe avec Emaar, un géant immobilier de Dubaï, pour lancer la chaîne hôtelière de luxe Armani Hotels. Toujours méticuleux, après six ans de supervision à distance des moindres détails, il y inaugure son premier hôtel, dans la tour Khalifa, l'une des plus hautes du monde à 828 mètres.
Après plusieurs réalisations aux quatre coins du monde, Armani se lance à la conquête de la Chine avec la conception de résidences de luxe à Chengdu (sud-est) et Pékin, avec l'institution culturelle Mind Group.
Le "prince de la mode", au teint toujours hâlé faisant ressortir ses cheveux blancs et ses yeux bleus, a construit au fil des ans un empire comptant plus de 600 boutiques sur le globe et plus de 10.000 employés.
Toujours indépendante, la société Giorgio Armani SpA (Giorgio Armani, Emporio Armani, A|X Armani Exchange) a enregistré un chiffre d'affaires de 2,3 milliards d'euros en 2024.
Selon le classement annuel de la revue américaine Forbes, le couturier était en 2025 à la tête d'une fortune personnelle de 10,38 milliards d'euros, ce qui en faisait le 208ème plus riche homme du monde.
Le Maestro, qui n'a jamais quitté la barre, n'avait pas d'enfant mais travaillait étroitement depuis longtemps avec des proches, notamment sa nièce Roberta.
S.Schwarz--BP