

L'aéroport et une base militaire de Port-Soudan bombardés par des drones
Des drones ont bombardé l'aéroport et une base militaire de Port-Soudan mardi matin, au troisième jour de frappes dans cette ville de l'est du Soudan abritant le siège provisoire du gouvernement en guerre contre les paramilitaires.
Un correspondant de l'AFP a entendu de fortes explosions à l'aube dans cette ville densément peuplée, longtemps considérée comme sûre dans le conflit qui fait rage depuis avril 2023 dans ce pays d'Afrique de l'Est.
Des centaines de milliers de déplacés ont trouvé refuge dans ce port sur la mer Rouge, devenu la porte d'entrée de l'aide humanitaire dans le pays où la famine sévit dans plusieurs régions.
Mardi, un drone "a visé la partie civile de l'aéroport", a déclaré un représentant de cette infrastructure sous couvert d'anonymat.
"Des feux se sont déclarés dans de nombreux bâtiments", a raconté un voyageur à l'AFP. Une source de l'armée a affirmé que la frappe avait aussi visé "des dépôts de carburant à l'aéroport".
Dimanche, la partie militaire de l'aéroport avait été visée pour la première fois par une attaque de drone qui avait déjà conduit à la suspension de vols, l'armée accusant les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).
Les paramilitaires n'ont pas revendiqué ces attaques.
Une source au sein de l'armée a indiqué à l'AFP qu'un autre drone avait visé mardi la principale base militaire dans le centre-ville. Un troisième drone a frappé "un dépôt de carburant près du port", également dans le centre de la ville.
Un correspondant de l'AFP a entendu une forte explosion à l'aube et vu un nuage de fumée s'élever depuis la direction du port, où des témoins ont fait état d'une explosion dans un entrepôt.
Aucune victime n'a été signalée.
Lundi matin, le principal dépôt pétrolier du pays avait pris feu à Port-Soudan, selon le ministère de l'Energie, après une attaque de drone.
Le Soudan est en proie depuis le 15 avril 2023 à une lutte pour le pouvoir entre le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, et son ancien adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, à la tête des FSR.
Les FSR, qui ont perdu plusieurs positions ces derniers mois et ne disposent pas d'aviation, ont de plus en plus recours aux drones pour frapper en profondeur dans les zones contrôlées par les troupes du général Burhane.
- "Développement inquiétant" -
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a affirmé lundi que les informations sur une attaque des paramilitaires contre Port-Soudan constituaient un "développement inquiétant qui menace la protection des civils et les opérations humanitaires dans une zone jusqu'à présent épargnée par le conflit".
L'armée, chassée de la capitale Khartoum par les FSR au début de la guerre, s'était repliée vers l'est et avait transféré le siège du gouvernement à Port-Soudan, qui abrite également des agences de l'ONU. Fin mars, Khartoum a été reprise aux paramilitaires.
La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné 13 millions d'habitants et plongé certaines régions dans la famine, provoquant "la pire catastrophe humanitaire" au monde, selon l'ONU.
Le conflit a divisé de fait le pays en deux. L'armée contrôle à présent le centre, l'est et le nord du Soudan, tandis que les paramilitaires tiennent à l'ouest la quasi-totalité de la vaste région du Darfour, frontalière du Tchad, et certaines parties du sud.
Le gouvernement soudanais accuse les Emirats arabes unis de soutenir les FSR en leur fournissant notamment des drones, ce que Abou Dhabi nie.
Lundi, la Cour internationale de justice a rejeté une plainte du Soudan accusant les Emirats de complicité de génocide, se déclarant "manifestement incompétente" pour statuer sur cette affaire.
Khartoum avait attaqué en mars le pays du Golfe devant la CIJ à La Haye, l'accusant de complicité de génocide à l'encontre de la communauté masalit, en raison de son soutien présumé aux paramilitaires.
Y.Bauer--BP