

Cuba: une nouvelle tarification téléphonique provoque le mécontentement
La nouvelle tarification pour les données internet mobile à Cuba, en vigueur depuis vendredi et qui implique une dollarisation partielle du service, a suscité une vague de mécontentement chez les clients.
La compagnie nationale de télécommunications ETECSA, qui détient le monopole du service sur l'île, a imposé une très forte hausse des tarifs pour tout dépassement du forfait de base prépayé en monnaie nationale qui a été drastiquement limité à 6 GB mensuels, encourageant notamment les recharges en dollars.
Cette annonce a suscité une vague de mécontentement, qui s'est notamment exprimée sur les réseaux sociaux. "D'où va sortir (l'argent) celui qui gagne 1.500 à 2.000 pesos" mensuels (équivalent à 12,5 à 16 dollars) pour "acheter la recharge" supplémentaire, critique un internaute.
"Le réseau est vétuste. Les émetteurs ont besoin d'entretien. Ce qui défie toute logique, c'est qu'ils aient opté pour la solution la plus excluante" socialement, dénonce une autre, en référence aux Cubains qui ne peuvent pas faire face à la hausse des tarifs ni faire appel à des proches vivant à l'extérieur pour payer une recharge en dollars.
Outre les particuliers, des organisations officielles ont également exprimé leur insatisfaction.
La Fédération étudiante universitaire (FEU) de cinq facultés de l'Université de La Havane a dénoncé dans un communiqué sur Facebook, une mesure qui limite "de manière significative l'accès à internet pour la population étudiante et l'ensemble des citoyens".
"Ces mesures restreignent le droit fondamental à l'information, à l'éducation et à la communication, piliers essentiels pour le développement académique et personnel des étudiants", dénonce le texte.
Dans un autre communiqué, l'Association Hermanos Saiz, qui regroupe des jeunes artistes et intellectuels, a dénoncé ces mesures qui "font que l'accès fréquent à internet devient insoutenable pour de nombreux créateurs", en réduisant notamment l'accès "aux opportunités de formation en ligne" et "la participation à des événements mondiaux".
Face à la bronca, le président Miguel Diaz-Canel a déclaré dimanche sur X être "attentif aux opinions, critiques et insatisfactions de notre peuple concernant les mesures annoncées par Etecsa".
Mettant en cause l'embargo américain contre l'île communiste --en vigueur depuis 1962 et renforcé depuis le premier mandat de Donald Trump (2017-2021)-- pour justifier les difficultés de l’entreprise de télécommunications, le chef de l'Etat a indiqué que "des options sont étudiées pour les secteurs les plus vulnérables, parmi lesquels nos chers étudiants".
Ces annonces interviennent alors que le pays est secoué par une profonde crise économique, alimentée par un manque cruel de devises.
Depuis plusieurs semaines, les coupures électriques se multiplient dans le pays. Les Cubains souffrent de délestages qui peuvent dépasser 22h quotidiennes en province et touchent la capitale plusieurs fois par jour, y compris la nuit.
U.Berger--BP