

Mali: attaque coordonnée à Tombouctou, après 30 soldats tués dans le centre
Deux importantes attaques jihadistes présumées contre l'armée malienne en deux jours: un assaut coordonné a visé lundi un camp à Tombouctou, ainsi que l'aéroport, au lendemain d'un raid sanglant qui a coûté la vie à au moins 30 soldats dans le centre, selon plusieurs sources sécuritaires et locales.
Lundi, l'état-major malien a annoncé dans un communiqué avoir "déjoué une tentative d'infiltration des combattants terroristes au camp de Tombouctou", principale ville du nord que les jihadistes avaient occupée pendant plusieurs mois en 2012.
A l'issue de cette attaque, lancée vers 10h du matin (locales et GMT), l'armée dit avoir "neutralisé" 13 assaillants, sans préciser s'il y avait d'autres victimes.
"Le ratissage est en cours dans toute la ville de Tombouctou", poursuit le communiqué.
Le camp militaire a subi une "tentative d'infiltration" et des obus ont été lancés sur l'aéroport situé à deux kilomètres de la ville, a précisé le gouvernorat de Tombouctou, en affirmant par ailleurs sur Facebook que la situation est "sous contrôle".
Des tirs nourris ont été entendus dans la ville, selon l'armée, des responsables locaux et des habitants joints par l'AFP.
Aucune indication sur d'éventuelles victimes militaires ou civiles n'était disponible dans l'immédiat.
Une source sécuritaire a affirmé dans l'après-midi à l'AFP que les opérations dans le camp étaient "déjà terminées" et que les assaillants étaient "partout dans la ville".
A l'aéroport, "ils n'ont pas fait d'incursion" car "les Russes sont là-bas", "mais ils ont lancé des obus", a poursuivi cette même source, ajoutant: "C'est chaud partout".
Selon un élu local, "les terroristes sont arrivés" lundi à Tombouctou "avec un véhicule bourré d'explosifs", qui "a explosé vers le camp" militaire.
Le pays est en proie depuis 2012 aux violences de groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI), et de gangs communautaires. En 2012, Tombouctou avait vécu plusieurs mois sous le joug des jihadistes.
"Ce matin, notre ville a été attaquée par des groupes terroristes. Des tirs ont été entendus au niveau du camp militaire et de l'aéroport", a décrit un journaliste local joint au téléphone.
- Au moins 30 soldats tués à Boulkessi -
Lorsqu'ils avaient occupé Tombouctou en 2012, les jihadistes avaient causé l'émoi par leurs exactions et la destruction d'une partie des mausolées de cette ville inscrite au patrimoine de l'Humanité. La ville avait été reprise sans combat fin janvier 2013 à la faveur de l'opération militaire française Serval pour enrayer la progression des jihadistes au Mali.
En septembre dernier, les jihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) ont revendiqué une attaque d'une rare ampleur qui avait frappé à la fois une caserne de gendarmerie et un aéroport militaire dans la capitale Bamako, plutôt épargnée ces dernières années par les opérations d'envergure.
L'attaque de Tomboucou est intervenue au lendemain d'un autre assaut contre l'un des principaux camps de l'armée dans le centre du pays, celui de Boulkessi, où au moins 30 soldats maliens ont péri, ont indiqué lundi à l'AFP des sources sécuritaires et un élu local, qui ont dit craindre un bilan plus lourd.
"Nos unités sur le terrain rapportent la mort de 30 personnes côté amis (...) Nos hommes se sont battus jusqu'au bout (...)", a déclaré à l'AFP une source sécuritaire à Bamako, ajoutant que d'autres soldats étaient "portés disparus" depuis l'attaque.
Un élu local, sous couvert d'anonymat, a lui fait état "d'au moins 60 militaires tués".
Une seconde source sécuritaire malienne interrogée par l'AFP a fait état d'"une soixantaine de victimes" - morts, disparus et pris en otage - du côté des forces maliennes.
L'armée malienne avait annoncé dimanche l'attaque du camp de Boulkessi, sans donner de bilan.
"Les FAMA (forces armées maliennes, NDLR) ont vigoureusement réagi à cette attaque avant de se replier" et "beaucoup d'hommes se sont battus, certains jusqu'à leurs derniers souffles", a-t-elle ajouté, affirmant que "des opérations ont permis de détruire plusieurs terroristes regroupés dans des lieux de repli".
Les groupes jihadistes, et les forces armées maliennes associées au groupe paramilitaire russe Wagner, sont régulièrement accusés d'exactions au Mali par des observateurs internationaux.
Depuis qu'ils ont pris le pouvoir lors de coups d'État en 2020 et 2021 au Mali, les militaires ont rompu la vieille alliance avec l'ancienne puissance coloniale française et se sont ensuite tournés vers la Russie.
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B.Schmid--BP