

Un ouvrier agricole décède après une descente de la police de l'immigration près de Los Angeles
Un ouvrier agricole est mort vendredi après avoir été blessé la veille lors d'une descente de la police de l'immigration près de Los Angeles, dans des fermes légales de cannabis où des affrontements entre agents et manifestants ont eu lieu.
"La famille m'a informé qu'il se trouvait en soins intensifs, et ce matin, elle a confirmé qu'il était décédé", a expliqué sur place à l'AFP Roman Pinal, vice-président de United Farm Workers, un grand syndicat agricole américain.
L'opération a eu lieu jeudi à Carpinteria et Camarillo, deux communes rurales du comté de Ventura, situées à un peu plus d'une heure de route de Los Angeles.
L'ouvrier décédé "n'a jamais été détenu" par les policiers, a assuré à l'AFP Tricia McLaughlin, une porte-parole du ministère de la Sécurité intérieure.
"Bien qu'il n'était pas poursuivi par les forces de l'ordre, cet individu a grimpé sur le toit d'une serre et a fait une chute de 9 mètres", a-t-elle ajouté, en précisant que les policiers "ont immédiatement appelé une ambulance".
Les agents fédéraux ont "arrêté environ 200 étrangers en situation irrégulière sur les deux sites", et "ont essuyé des coups de feu" de la part d'un tireur "toujours en fuite", que le FBI recherche désormais activement, a précisé le ministère dans un communiqué séparé.
"Plus de 500 émeutiers ont tenté de perturber les opérations", a ajouté le ministère, en expliquant que les agents opéraient avec des "mandats d'arrêt".
Les images des médias locaux montrent des agents masqués, en tenue anti-émeutes, disperser des dizaines de protestataires avec du gaz lacrymogène, et certains manifestants jeter des projectiles sur les voitures de police.
- "Raclures" -
Vendredi soir, Donald Trump a ordonné, sur sa plateforme Truth Social, à tout agent fédéral "qui serait victime de jets de pierres, de briques ou de toute autre forme d'agression, d'arrêter leur voiture et d'arrêter ces RACLURES, en utilisant tous les moyens nécessaires pour y parvenir."
"Je ne veux plus jamais voir une voiture transportant un agent des forces de l'ordre être attaquée !", a-t-il insisté, en dénonçant "un mépris total pour la loi et l'ordre".
Au cours de l'opération, la police a trouvé "10 enfants migrants", selon le ministère, qui estime les avoir "sauvés d'une exploitation potentielle, de travail forcé".
L'entreprise Glass House, propriétaire des deux fermes visées, a assuré dans un communiqué qu'elle "n'a jamais sciemment enfreint les pratiques d'embauche applicables et n'emploie pas, ni n'a jamais employé, de mineurs".
Sur place, Aaron Fuentes, un superviseur qui travaille pour Glass House depuis deux ans a raconté avoir vu des dizaines de fourgons de la police de l'immigration débarquer jeudi.
"Ils ont identifié les personnes pour vérifier si elles avaient des papiers ou non, puis ils les ont fait monter une par une dans les camionnettes", a-t-il expliqué. "Je n'ai pas vu toute l'opération, mais il y a eu de la violence, des mauvais traitements."
- Proches désemparés -
Vendredi, des dizaines de proches des travailleurs arrêtés faisaient la queue devant la ferme de Camarillo, désemparés, face à des agents de sécurité qui les laissaient rentrer sur l'exploitation pour récupérer leurs affaires et le solde de leur paie.
"Nous sommes là depuis 6 heures du matin à poser des questions et ils ne nous donnent aucune information", a confié Saul Munoz, un Colombien de 43 ans dont le fils a été arrêté hier.
Ce dernier travaillait à la ferme depuis moins d'un mois.
"J'ai juste besoin de savoir comment il va, qu'on me le ramène. Si c'est notre tour, nous partirons", a soupiré M. Munoz. "La vérité, c'est que le rêve américain n'est plus vraiment un rêve américain."
Cette descente risque de raviver les tensions, un mois après les manifestations à Los Angeles contre la politique migratoire de Donald Trump, qui ont parfois dégénéré en violences.
Des milliers de soldats de la Garde nationale sont toujours déployés dans la région, les opérations anti-migrants y sont quotidiennes et l'administration Trump conteste en justice le statut de "ville sanctuaire" de la mégapole démocrate, qui limite la coopération des forces de l'ordre locales avec la police de l'immigration.
Lundi, la maire Karen Bass s'est confrontée à une foule d'agents à cheval et lourdement armés lors d'une opération organisée dans un parc prisé des latinos, où elle a dénoncé une opération "scandaleuse".
Q.Schmid--BP