

Roland-Garros: sur le Central, l'heure de l'"au revoir" a sonné pour Gasquet
La marche était bien trop haute: Richard Gasquet a mis un terme à sa carrière jeudi sur le Central de Roland-Garros après sa défaite en trois sets contre le N.1 mondial Jannik Sinner, "un au revoir" plutôt qu'"un adieu".
Avant même le début de ce match du 2e tour, pressentant la fin imminente de 23 ans de carrière professionnelle, les spectateurs s'étaient massés dans les tribunes du court Philippe-Chatrier.
Les "Ri-chard (clap clap clap), Ri-chard (clap, clap, clap)" déferlant des gradins dès l'échauffement n'auront pas suffi: à près de 39 ans, l'ex-petit prodige du tennis français a été logiquement poussé à la retraite par le jeune roi du circuit.
Vingt ans après sa victoire contre le N.1 d'alors Roger Federer sur la terre battue de Monte-Carlo, l'esthète du revers à une main s'est cette fois incliné 6-3, 6-0, 6-4 dans un tournoi qu'il disputait pour la 22e fois - record partagé avec son lointain prédécesseur et compatriote Antoine Gentien.
Dès la balle de match achevée, le jeune retraité a été salué par une ovation debout de la foule, tandis qu'il s'asseyait sur son banc, les yeux rougis en attendant la cérémonie prévue pour honorer sa carrière.
"Tu as joué pendant une ère incroyable pour le tennis", celle des Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic, a rappelé Jannik Sinner. "Bravo pour ta carrière exceptionnelle, tout ce que tu as fait."
"C'est ton moment", a lancé Sinner à Gasquet avant le début de la cérémonie d'hommage, durant laquelle le Français a reçu un trophée en verre des mains de la directrice du tournoi Amélie Mauresmo et du président de la Fédération française de tennis Gilles Moretton.
"J'ai eu une chance extraordinaire de pouvoir fouler ce court depuis toutes ces années", a estimé Gasquet.
Mais "ce n'est pas un adieu, c'est un au revoir. La passion du tennis sera toujours là jusqu'à la fin de ma vie, que je sois sur le court ou en dehors", a assuré le Biterrois, avant de recevoir les hommages en vidéo de Novak Djokovic, Gilles Simon, Jo-Wilfried Tsonga et Gaël Monfils.
Comme un symbole, alors que le troisième des quatre "nouveaux Mousquetaires" français entamait le dernier set de sa carrière, une immense clameur s'élevait du court Suzanne-Lenglen, distant de quelques dizaines de mètres, pour saluer la victoire en cinq sets du nouveau visage du tennis français, le 14e mondial Arthur Fils.
- Monfils en soirée -
S'il n'aura pas atteint de finale de Grand Chelem contrairement à Jo-Wilfried Tsonga, s'il ne sera pas grimpé aussi haut dans le classement mondial que Gilles Simon (un temps 6e), l'ex-N.7 mondial a empilé 610 victoires depuis son irruption sur le circuit en 2002, un record pour un Français depuis le début de l'ère Open en 1968.
Vainqueur de la Coupe Davis en 2017, triple demi-finaliste en Grand Chelem (Wimbledon 2007 et 2015, US Open 2013), le Biterrois a glané 16 titres sur le circuit ATP, de Nottingham (gazon) en 2005 à Auckland (dur) en 2023.
Corps usé mais cœur de lion, Richard Gasquet a beaucoup couru, souvent gémi et parfois ébloui jeudi, comme lorsqu'il a maté Sinner à la volée pour conserver son service et mener 2-1 dans la dernière manche.
Le poing levé à la fin de l'échange, le 166e mondial a alors reçu une ovation digne d'un titre en Grand Chelem.
Malgré sa résistance acharnée dans la dernière manche, Gasquet a fini par se faire breaker à 4-4 et s'incliner en un peu moins de deux heures. Pour Sinner, le tournoi continuera au 3e tour par un duel contre le Tchèque Jiri Lehecka (34e).
Pour les spectateurs français désormais orphelins de "Richie", la journée se clôturera par le 2e tour du dernier "Mousquetaire" en activité.
Programmé en soirée sur le court Philippe-Chatrier, Gaël Monfils (38 ans) aura une tâche presque aussi difficile que son contemporain: il affronte le N.5 mondial Jack Draper, deux jours à peine après être sorti victorieux à minuit passé d'un combat en cinq sets contre le Bolivien Hugo Dellien (90e).
K.Wolf--BP