

Dauphiné: "J'ai essayé d'être sincère", dit Bardet à l'heure des adieux
"J'ai essayé d'être sincère", souligne Romain Bardet à l'heure d'aborder dimanche au Critérium du Dauphiné la dernière course de sa carrière qu'il termine "sans regrets" et avec la certitude que c'était "le bon moment".
"Je suis très serein avec ce qui arrive", a insisté le grimpeur français de 34 ans qui, pour autant, veut continuer à "faire la course" jusqu'au bout. "Sinon je serais venu en camping-car", a-t-il confié samedi soir lors d'un point-presse avec une demi-douzaine de journalistes, dont l'AFP, à son hôtel à Moulins.
QUESTION: Dans quel état d'esprit abordez-vous la dernière course de votre carrière?
REPONSE: "Je me sens très bien, je suis très serein avec ce qui arrive. J'ai eu beaucoup de temps pour me projeter. C'est le bon moment. Je suis encore très bien dans le milieu et je veux justement garder cette très bonne image jusqu'au bout et avoir toujours ce regard un peu d'enfant. Parce que finalement, je ne les ai pas vu passer ces quatorze ans."
Q: Le Dauphiné était l'endroit désigné pour arrêter ?
R: "Je crois. Pour moi, il y a sur cette course toute la magie du Tour sans le côté éreintant d'une course de trois semaines. Il y a un état de pureté du vélo sur le Dauphiné, Ça a toujours été ma course de cœur. C'est aussi la course par étapes que j'étais le plus près de remporter (en 2016). Et c'est là où j'ai gagné ma première grande victoire chez les pros (une étape en 2015, ndlr). C'est un beau clap de fin."
Q: Quelles sont vos ambitions cette année ?
R: "Elles sont dures à établir. Je n'avais jamais fait cet enchaînement avec le Giro. Je ne me suis quasiment pas entraîné de la semaine. Donc ce serait d'essayer de jouer une victoire d'étape, sans avoir vraiment de plan précis. Parce qu'il y aura quand même peu d'occasions et que la start list est 5 étoiles plus. Mais j'ai encore envie de faire la course. Je ne suis pas en tournée d'adieu. Sinon je serais venu en camping-car."
Q: Avez-vous des regrets sur votre carrière ?
R: "Non, ce serait trop facile de réécrire l'histoire. Je crois que je me suis engagé pleinement dans un projet d'essayer de devenir le meilleur cycliste possible. Dans mon engagement, je crois avoir toujours été sincère et entier. Les situations auraient pu être différentes en faisant d'autres choix. Mais j'ai trouvé, au-delà des résultats, des satisfactions dans un accomplissement personnel, à travers les personnes que j'ai rencontrées, les équipes que j'ai fréquentées et la manière dont je me suis donné. C'était une quête dans laquelle je prenais et je prends du plaisir."
Q: Qu'allez vous faire à partir du 16 juin ?
R: "Il y a beaucoup de choses prévues. Passer du temps avec les amis, ne plus regarder forcément la montre. Apprécier que mon entraînement du jour ne soit plus la simple focale de ma journée, même si je vais rester dans le haut niveau avec le gravel. Je vais avoir plus de flexibilité et de temps pour m'ouvrir et renaître."
Q: Qu'aimeriez-vous qu'on retienne de vous ?
R: "Je n'ai aucune prétention là-dessus. Chacun se fera l'image qu'il a envie. J'ai essayé d'être sincère. Pour moi, c'est tout ce qui compte, d'être vrai. Je n'ai jamais voulu paraître pour ce que je n'étais pas, même si on m'a prêté des choses, des ambitions qui étaient sûrement démesurées. Chacun se fera son idée. Ça me va très bien comme ça."
Q: Vous êtes le deuxième grand personnage du cyclisme français de ces dernières années à arrêter après Thibaut Pinot…
R: "On peut se réjouir que les gens aient apprécié ce qui s'est passé. Je me suis régalé de courir avec Thibaut Pinot, avec Julien Alaphilippe. Mais je suis aussi très impatient, parce que je suis un passionné de vélo, de voir la génération qui arrive. Et ce sera tout aussi bien, voire bien mieux. C'est le cycle de la vie. Il ne faut pas être triste."
PROPOS recueillis lors d'un point-presse
B.Schmid--BP