

Bure: une manifestation antinucléaire rassemble des centaines de personnes
Des centaines de personnes (2.000 selon les organisateurs) défilent samedi à Bure (Meuse), sous haute surveillance policière, contre le projet Cigéo d'enfouissement des déchets nucléaires hautement radioactifs.
"Résistance et sabotage. Andra, dégage", ont scandé les manifestants, en référence à l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, qui porte ce projet baptisé Cigéo.
Sous le vrombissement des hélicoptères de gendarmerie qui surveillent la zone, les participants, dont les députées Sandrine Rousseau (groupe écologiste) et Mathilde Panot (LFI), ont défilé au son des tambours.
Le parcours de sept kilomètres de cette "manif du futur" a été validé par la préfecture, mais celle-ci a décrété des "zones d'exclusion" interdites aux manifestants, notamment les abords du laboratoire de l'Andra.
Quelque 200 black bloc ont progressé sur une route différente de celle du cortège autorisé, a constaté l'AFP. Certains ont lancé des projectiles en direction des gendarmes, qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes.
Avant la manifestation, le préfet Xavier Delarue avait évoqué dans la presse locale sa crainte de débordements de la part de "manifestants radicalisés".
"À l'évidence, les organisateurs locaux n'ont pas la main", a dit le représentant de l'Etat au quotidien L'Est Républicain.
Des "armes et matériels dangereux" ont été découverts dans les contrôles pratiqués sur les manifestants, a indiqué la gendarmerie nationale sur X, en publiant des photos de spray au poivre et de sabre japonais.
"Aucune cause ne peut excuser l'utilisation d'armes dans une manifestation", a commenté à ce propos, également sur X, le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau.
- "Projet destructeur" -
Dans le cortège principal, les banderoles et bannières portent l'effigie du réseau Sortir du nucléaire, de La France insoumise, d'Europe écologie les Verts, du Nouveau parti anticapitaliste, ou encore de la Confédération paysanne ou du syndicat Solidaires.
L'Etat veut "nous imposer un projet destructeur et dangereux", qui engendre aussi l'"accaparement de terres et de forêts par l'Andra" sur lesquelles "on pourrait installer des paysans", a déploré un représentant de la Confédération paysanne lors d'une conférence de presse, avant le départ du cortège.
Cette lutte "est vitale et nécessaire pour préserver notre environnement et la population", a souligné de son côté Pauline Goyer, de Greenpeace.
Certains manifestants sont venus de d'Allemagne et d'Italie, et des autocars ont été spécialement affrétés depuis l'Alsace, Paris, Lyon, Nantes ou la Suisse.
Les organisateurs ont prévu d'envoyer, pendant la manifestation, des messages "aux générations futures dans des capsules temporelles".
Le projet Cigéo, lancé en 1991 et contesté depuis des décennies, prévoit l'enfouissement à Bure à partir de 2050 des déchets nucléaires les plus dangereux pour des centaines de milliers d'années.
Après l'achèvement en juillet des expertises techniques nécessaires, d'autres étapes sont attendues avant le décret autorisant formellement la création de Cigéo et donc les travaux, annoncés pour fin 2027-début 2028.
En Meuse, une procédure d'expropriation est toujours en cours. L'Andra doit encore acquérir 13 hectares sur les 665 nécessaires, ainsi que 65 ha de tréfonds pour les installations souterraines. Les militants installés dans l'ancienne gare de Luméville, haut lieu de la lutte contre le projet, sont expulsables à partir du 11 octobre, selon eux.
B.Koch--BP